Joseph de Maistre contre Rousseau
Pour lire dans le bus, j’ai pris hier matin un des petits livres des éditions Mille et une nuits qui peuplent mes rayons et sont bien commodes à glisser dans la poche de mon blouson. J’ai choisi un peu par hasard un ouvrage de Joseph de Maistre(1), Contre Rousseau : de l’état de nature, paru en 2008 avec des notes et une postface de Yannis Constantinidès(2).
Que le comte savoisien ne soit pas
ni un démocrate ni un progressiste est incontestable. N’est-il pas un
des piliers de la pensée contre-révolutionnaire de la Restauration à nos jours
en passant par les divers courants d’extrême-droite, nazisme compris(3) ? Sans doute, mais il n’est pas sans intérêt de le lire
pour son style alerte et caustique et comme témoin d’une époque,
celle qui va des Lumières à la Restauration en passant par le choc de la
Révolution et de l’Empire.
Champion de la réaction royaliste et
catholique, il semble avoir détesté tout particulièrement les livres du
philosophe genevois, dont il attaque le Contrat social dans un autre ouvrage posthume, Etude sur la souveraineté(4). Cependant, rien n’est simple et Jean-Yves Pranchère a
souligné que cette relation était bien plus complexe qu’il n’y paraît(5). L’opposition idéologique de Maistre et de Rousseau
n’a pas seulement marqué les écrits du premier contre les idées du second. Elle
a cristallisé l’opposition politique des conservateurs et des républicains.
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(1) Voir sur cet auteur, outre l’article de Wikipédia, le site anglophone qui lui est consacré par Caroline Armenteros et dont voici la présentation dans les signets de la BNF :
(1) Voir sur cet auteur, outre l’article de Wikipédia, le site anglophone qui lui est consacré par Caroline Armenteros et dont voici la présentation dans les signets de la BNF :
Site consacré à Joseph de Maistre (1753-1821), théoricien des
Contre-Lumières. Propose notamment une liste des oeuvres numérisées disponibles
en ligne et une bibliographie très complète. Comporte des liens vers d’autres
sites consacrés à cette époque, ainsi qu’une description des principales archives
détentrices de ses manuscrits.
(2)
Initialement intitulé Examen
d’un écrit de J.-J. Rousseau sur l’inégalité des conditions parmi les hommes et paru à titre posthume, ce texte est
accessible tant sur Gallica que sur Google livres. Il
n’est cependant pas inutile d’en avoir une édition annotée, car bien des
allusions, claires pour les contemporains de l’auteur le sont un peu moins pour
nous.
(3) Voir
sur ce sujet l’article de Jean Zaganiaris, « Réflexions sur une
« intimité » : Joseph de Maistre et Carl Schmitt », L’Homme et la société 2/2001 (n° 140-141), p. 147-167,
disponible su Cairn.
(4)
Disponible sur Gallica et sur Google livres et repris par en 1992 par les Presses
universitaires de France sous le titre De
la souveraineté du peuple : un anti-contrat social, dans une édition
établie, présentée et annotée par Jean-Louis Darcel.
(5) «
Maistre dans la dialectique des Lumières », communication au 51e congrès de l‘Association
internationale des études francaises, Cahiers de l’Association
internationale des études fr5ncaises, 2000,
vol. 52, p. 103-115, disponible sur Persée. Voir du même auteur, L’autorité contre les
Lumières : la philosophie de Joseph de Maistre, Librairie Droz, 2004, partiellement consultable sur Google livres.
(6) Cf.
l’article Annick Bogey, « Le
patrimoine architectural de Savoie au XIXe » , sur le siteSabaudia.org. La maison des
Charmettes a consacré
à cette guerre des statues une exposition du 15 mai au 31 décembre 2010 : voir
le dossier de
presse. Sur la statue de Rousseau, voir aussi l’article de
Marie-Gabrielle Maistre dans Rousseau Studies.
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